DU SENS DE LA RESPONSABILITE DE CHACUN DEVANT L’HISTOIREI

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9982496-16198661Il y a de belles images sur lesquelles nous autres acteurs politiques sénégalais devrions méditer : Barack Obama qui attend Bill Clinton pour rentrer ensemble dans l’avion présidentiel après les funérailles de Shimon Pérès, François Hollande qui voyage avec son adversaire irréductible, son meilleur ennemi à qui il a succédé à la tête de la France, Nicolas Sarkozy pour se rendre en Israël à la même cérémonie.

Chez nous, une des images que toute notre génération et celle de nos ainés aux affaires devrait retenir est celle d’un Abdou Diouf Président sortant représentant son successeur à un sommet international en Egypte, au lendemain de sa perte du pouvoir.

Notre pays le Sénégal est à la croisée des chemins. Nous n’avons jamais été aussi bien servis par le destin. En effet, aujourd’hui quelles richesses nous manquent pour réussir notre transition économique et entrer de plain pied dans le gotha des nations riches et privilégiées ? Aucune !

Jusqu’à récemment, la Guinée équatoriale était présentée comme le Koweït africain à cause du pétrole. Nous en sommes si bien pourvus que les experts internationaux sont scandalisés par l’immensité des réserves sénégalaises. Que dire du zircon ? Nous sommes potentiellement le troisième exploitant mondial si les investissements suivent et que cette activité tourne à plein régime. La richesse de nos côtes attire toutes les convoitises. Il suffit juste d’avoir le courage politique d’organiser le secteur et d’affirmer son autorité face aux organisations internationales qui pillent nos côtes ! Ne parlons pas de notre réseau hydrographique : un bon aménagement et une bonne politique agricole combinés peut parachever avec succès notre politique nationale d’atteinte de l’auto suffisance alimentaire.

Aujourd’hui, le Sénégal a deux défis à relever : renforcer la bonne gouvernance, enraciner la reddition des comptes dans les pratiques managériales, et adopter le culte de la sanction, positive et négative, pour booster la performance et garantir la justice et l’équité sociales.

Il y a trop de rumeurs de scandales qui jalonnent la marche de notre Etat et nourrissent une polémique stérile qui fait germer une méfiance accrue envers notre république et fragilise notre stabilité démocratique.

Les rapports de la Cour des comptes, les rapports de l’OFNAC et ceux de l’IGE doivent être suivis de décisions exécutoires contre toute personne contrevenant aux règles de bonne gestion financière des missions qui lui sont confiées. Ne pas sanctionner, c’est encourager la prédation, et la course au détournement. C’est conforter l’impunité et laisser malgré soi peut être le champ libre aux délinquants financiers qui se sentent en conséquence en terrain conquis.

Les conséquences, ce sont des débats interminables qui engendrent l’amalgame et fondent un jugement généralisé qui à terme porte atteinte même à l’honneur des honnêtes serviteurs de la nation dont on lie alors le nom, involontairement ou à dessein, aux actes isolés dénoncés par les rapports précités.

S’il y a un principe aussi intangible qu’une frontière en matière de gestion publique, j’y insiste encore, c’est bien le rendre compte. Les citoyens sénégalais ont besoin d’être édifiés sur les immenses sommes engagées dans des secteurs à fort enjeu dont ils attendent des retombées sur leur vécu au quotidien.

Installer au sein de l’opinion le débat public sur la gestion de notre pays, c’est garantir la transmission de l’information officielle et permettre alors l’instauration d’un débat factuel où n’auront plus place les querelles de personnes et les polémiques stériles nourries d’élucubrations sans valeur argumentative autre que les injures et les attaques personnelles.

Le deuxième défi est la suite logique du premier. Il nous faut instaurer un débat politique civilisé et non pas réduire notre engagement politique à une lutte fratricide dont le principal argument est la décridibilisation de l’adversaire. J’ai évoqué tantôt le comportement civilisé des grandes nations avec une démocratie apaisée : le changement dans la continuité, avec en point de mire l’intérêt supérieur de la Nation et la défense de son image à l’international, voilà le credo de l’engagement de leurs classes politiques !

Nous devrions nous en inspirer.

Aujourd’hui tous les débats sur les questions économiques qui engagent l’avenir de notre pays sont devenus des prétextes de règlements de comptes politico-personnels qui en occultent toute l’importance.

Le débat sur le pétrole est devenu ainsi un débat de personnes sur la base d’accusations et de contre accusations qui l’ont vidé de sa quintessence et ont fini par mettre l’intérêt du citoyen au second plan.

On se perd dans ces querelles et leurs conséquences funestes car nul ne sait où cela va aboutir.

Quand les citoyens n’ont pas la bonne information, la moindre bribe d’une nouvelle donne lieu à des supputations qui nourrissent des rumeurs qui finissent par devenir des polémiques engendrant des scandales imaginaires !

Si vraiment de part et d’autres l’opposition comme le régime de Macky Sall sont responsables, nous devrions tous avoir à l’esprit que le Sénégal nous survivra. Aujourd’hui nous avons une responsabilité historique. Celle de prendre des décisions idoines qui engagent notre pays et l’avenir des générations futures.

Ceux qui étaient aux affaires il y a quelques années sont tous partis, la génération de nos ainés les suivra, ainsi que nous.

Il est important alors que nous sachions tous quelle est notre responsabilité et que nous intégrions qu’il est vital pour un pays que ses fils dialoguent. En toute sincérité.

Et que les grandes questions qui engagent notre avenir car nous avons le même destin soient discutées, et fassent l’objet d’un consensus. Si tel n’est pas le cas, que les arguments des uns et des autres soient portés à l’opinion par des débats civilisés, et qu’elle prenne en conséquence, la décision qui la convainque, en toute responsabilité.

C’est cela la démocratie.

Tâchons de ne pas l’oublier : le monde entier nous observe. Et ne donnons pas un mauvais exemple à nos frères, et à nos fils : ils nous regardent, aussi.

Cissé Kane NDAO

Président A.DE.R