Lamine Fall, Président Jeunesse & Innovation Sénégal : pourquoi j’appelle à voter NON au référendum

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10610557_863326250345493_6950103567850058012_nJe ne suis pas avec ceux qui vont voter NON parce que le Président s’est renié. Je crois que nous nous en sortirons jamais si nous devrions le sanctionner à chaque fois qu’il se renie, tellement il en fait. Je vote NON parce que déjà la démarche et les conditions dans lesquelles le référendum est organisé me semblent douteuses. Macky Sall a substitué l’avis du conseil constitutionnel, défini dans l’article 51 de la constitution, noir sur blanc, à une décision pour échapper à la réduction de son mandant en cours. De manière précipitée, il nous convoque à dire OUI ou NON sur 15 réformes majeures dont plus de 85% des sénégalais ignorent le contenu.

Pourquoi Macky Sall ne s’est pas donné le temps de bien informer les Sénégalais sur ces réformes qui engagent l’avenir de ce pays ?
Puisqu’il n’y a pas d’élection en 2017, qu’est-ce qui motive Macky Sall à précipiter le référendum ?
Pourquoi le Macky Sall n’a pas consulté l’opposition et la société civil avant de passer au référendum pour des réformes dites majeures pour la démocratie de notre pays ?
Voilà un ensemble de questions qui laissent tout citoyen averti perplexe s’agissant des ambitions de Macky Sall pour ce référendum.
D’autre part, il y a des zones d’ombres, s’il ne faut pas parler de pièges, dans les réformes proposées aux citoyens. A l’article 26 de la constitution, ils seront supprimés les alinéas 2, 3, 4 et 5 qui étaient relatifs au Vice-Président de la République, mais d’après l’article 103 du projet de constitution, cet article sera intangible puisqu’il fait partie du mode d’élection du Président. Cela aura comme conséquences de ne plus jamais avoir de Vice-Président de la République au Sénégal même si les générations futures le voudraient.
Il y a aussi, l’article 27 de la constitution, qui, touché pour réduire le mandat du président de 7 à 5ans, pourrait lui permettre de se représenter une troisième fois, si jamais, il avait un second mandat. L’applicabilité d’une disposition constitutionnelle n’est pas rétroactive à moins qu’elle soit expressément formulée. Hors il n’y a nulle part dans le projet où il est dit que le mandat en cours du Président est comptable, malgré que ce dernier, selon les informations, l’aurait confirmé. Vous allez sans doute me dire que vous vous méfiez de sa parole. De toute façon si l’avis du conseil constitutionnel prévaut sur ses engagements, on ne sera pas surpris de le revoir se renier. La suppression des dispositions transitoires de l’article 104 de la constitution de 2001, qui a permis en 2012 de démontrer l’irrecevabilité d’une troisième candidature de Wade, en est un clin d’œil. A bon entendeur !!!!
D’ailleurs aussi, à l’article 89 de la constitution, relatif au conseil constitutionnel, il y a de nouveaux changements, notamment sur la nomination des membres de ce conseil dont le nombre passe de 5 à 7. C’est le président qui nomme les 7 membres dont les deux sont proposés par le président de l’Assemblée nationale sur une liste de 4 personnes. On peut alors en conclure que le président de l’Assemblé ne nomme pas les 2 autres mais il propose une liste de 4 personnes et c’est au Président de la République d’en choisir 2.
Dans les clauses des Assises Nationales signées par Macky Sall en 2012, il a été projeté d’apporter le nombre des sages à 7, mais avec une réorganisation de leur nomination. Ainsi il a été prévu que le Président de la République nomme les 3 membres, la majorité parlementaire 1 membre, le groupe parlementaire de l’opposition 1 membre, et les 2 autres par le conseil supérieur de la magistrature. En définitive, les modifications proposées à l’article 89 ne sont pas du tout crédibles puisqu’elles émendent de la volonté d’un seul homme et ne renforce aucunement la démocratie au Sénégal.
Les points d’ombres sont multiples, parfois invisibles mais faciles à comprendre avec une lecture profonde et sérieuse.
Le point le plus complexe du projet reste aujourd’hui l’intangibilité de certaines dispositions telles que la laïcité qui engage toute la nation sénégalaise. De ce fait, elle ne doit être faite qu’après une bonne campagne d’information, pour que les populations comprennent réellement son objet. Cela ne peut pas se faire en moins d’un mois, d’ici le 20 Mars. Cette précipitation pour engager l’avenir de tout un peuple dans ce qu’il ignore totalement l’objet, est irresponsable et doit être combattu par tout citoyen averti, pour sauver son pays des manipulations politiques antidémocratiques !!!
Merci d’avoir compris pourquoi j’appelle à voter NON